Passage de frontière Cambodge Laos: de Siem Reap aux 4000 îles

Le passage de frontière est toujours une épreuve. Surtout quand on refuse de participer à la corrupiton, question de principe. Après notre fabuleuse semaine dans les temples d’Angkor, on décide d’écourter notre séjour au Cambodge. En effet, on préfère accorder le mois qui nous reste avant de retrouver des copains en Thaïlande à profiter à fond du Laos plutôt que faire rapidement les 2 pays.

Nous nous étions renseignés sur les procédures de ce passage de frontière et il serait de mise que les douaniers demandent plusieurs paiements successifs, soit disant obligatoires mais en fait non officiels. Ils seremplissent les poches au passage… Vive les backshishs!

Un peu utopistes, nous refusions de cautionner ce genre de magouille. Notre plan? Ne pas prendre un trajet combiné rejoignant Siem Reap aux 4000 îles au Laos, mais ne réserver qu’un trajet jusqu’à la frontière. Le but? Avoir le temps de patienter que les douaniers nous laissent passer sans avoir un bus et des touristes qui nous attendent. Puis prendre n’importe quel bus entre la frontière et les 4000 îles. On vous raconte notre aventure, car oui ce fut une aventure!!

Passage de frontière effectué le 4 février 2015

Comment aller de Siem Reap à la frontière Cambodge Laos?

Depuis moins d’un an, il existe 2 solutions pour rejoindre la frontière entre le Cambodge et le Laos depuis Siem Reap: passer par Phnom Penh, la capitale cambodgienne ou bien emprunter la nouvelle route directe.

La première solution est plus économique mais franchement plus longue: 10h jusqu’à Phnom Penh puis 7-8h jusqu’à la frontière et les 4000 îles. La nouvelle route permet de rejoindre les 4000 îles, de l’autre côté de la frontière, en 8h. Ne souhaitant pas nous arrêter à la capitale et ayant très envie de rejoindre le Laos, on a donc choisi l’option « nouvelle route ».

Oui mais voilà, cette nouvelle route étant toute nouvelle, une seule agence officielle propose le trajet, dans des minivan de 12 et non des bus. Les places sont donc comptées. Ne voulant pas se faire avoir, on est directement allé à l’agence Asia Van Transfer où l’on a fait la connaissancen du chef, un occidental pas forcément aimable. On lui explique qu’on ne souhaite pas participer à la corruption à la frontière. Et là, moment magique du mec qui te vend son truc en te disant que ce n’est pas de la corruption et que de toute façon, le van n’attendra pas les chieurs… En gros, achetez-moi le ticket mais si vous passez trop de temps à la frontière, on s’en va sans vous et on vous rembourse pas! Un peu énervé mais pas décidé à passer par Phnom Penh, on lui achète le trajet que jusqu’à Stung Treng, dernière ville avant la frontière. On se dit qu’on dormira là-bas et qu’on partira le lendemain matin tôt pour avoir le temps de négocier avec les douaniers.

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Asia Van Transfer

Le trajet Siem Reap – Stung Treng – frontière

Le van part donc le lendemain matin vers 8h pour nous déposer vers 13h à Stung Treng, dans une des seules auberges de la ville. On demande alors à réserver un bus pour partir le lendemain matin à la frontière. Désillusion, les seuls bus qui partent pour la frontière sont à 14h. Ni une ni deux, on demande donc à partir le jour même. On attend 15min et après plusieurs coups de fil, le gérant nous annonce qu’un van viendra nous prendre à 14h30. Ouf!

Finalement, on s’est retrouvé dans un van de locaux qui a clairement fait un détour pour nous amener au poste frontière. Le chauffeur n’était pas pressé et s’est arrêté moultes fois. Ce n’est donc que vers 16h30 qu’on arrive au poste frontière cambodgien. C’est là que l’aventure débute vraiment!

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Dans le minibus entre Stung Treng et la frontière… Que des cambodgiens et nous!

Le passage de fronière cambodge-Laos en vrai

Le poste frontière cambodgien

Notre plan « temps pour négocier avec les douaniers » est donc un peu tombé à l’eau. Mais on ne démord pas l’idée de ne pas participer à la corruption.

Prêts à sortir les griffes, nous nous présentons au poste frontière cambodgien où les douaniers demandent habituellement 2$ par personne… sauf à nous! Le monsieur a vérifié nos passeports, fait les tampons sans mot dire et nous a laissé passer. Poh! Ça va être bien plus simple que prévu!

L’entre frontière

Attendez… Tout confiant, on file rejoindre le poste d’entrée au Laos. Entre les deux, il faut marcher un peu vite et ne pas s’arrêter quand une personne vous alpague pour prendre votre température. C’est une excuse pour vous tirer 1$ de plus. Dans notre cas, la personne venait visiblement tout juste d’enfiler sa blouse… qui était boutonnée mardi avec mercredi! Tu parles d’un crédible!

 

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Entre les deux postes frontières, il n’y a rien!

Le poste frontière laotien

Forts de nos deux backshichs évités, nous nous présentons au poste laotien. Les monsieurs n’ont pas l’air drôle du tout! A côté de la vitre, une affiche nous dit qu‘en plus des 30 dollars de visa, on doit payer 2$ car il est après 16h (pareil si c’est le week-end). Décidément, ils sont inspirés pour trouver des excuses. On donne finalement notre passeport, la feuille habituelle remplie avec toutes les informations nécessaires et une photo, et pile 30$ en espèce. On va bien voir ce qu’ils nous disent. Le temps que notre passeport et notre visa soient prêts, on attend. On discute donc avec la 10aine de touristes qui attendaient là depuis 1h et on s’est dit que ce serait un peu long. Ils avaient un bus qui les emmenait plus loin et quand le chauffeur leur avait proposé de s’occuper des procédures de visas de tout le monde, ils n’avaient pas voulu. Et ils ont bien fait! Ils étaient en train d’attendre ceux du bus qui s’étaient fait avoir et qui ont dû payé 10$ «pour que ça aille plus vite». Pas si sûr. On croise aussi 3 autres touristes qui venaient du poste cambodgien. A eux, les douaniers avaient demandé les 2$. Ca nous a confirmé que c’est vraiment à la tête du client!

Il arrive enfin notre tour de récupérer nos passeports et là ils nous demandent 2$. Pourquoi? Pour valider le visa d’entrée au Laos.

Ils ne nous ont rien dit pour les frais supplémentaires d’après 16.30h, tant mieux. Il ne reste donc que cette dernière étape et on passe. On lui dit donc très calmement que nous ne souhaitons pas payer pour un coup de tampon qui est normalement, et partout ailleurs, gratuit. Il a insisté fermement pour que l’on paye. On s’est donc posé en attendant que les suivants passent.

Et vous savez quoi? Les touristes passaient les uns après les autres en payant tous les backshishs successifs sans se poser de questions. Bon, c’est vrai que si tu ne t’es pas renseigné avant, t’es pas censé savoir que c’est facultatif et tu peux te dire que si tout le monde paye… Du coup, on commence à leur dire qu’on ne veut pas payer, qu’ils n’y sont pas obligés et que si personne ne veut, ils ne pourront pas nous empêcher de passer.

Et là un touriste, que l’on nomera Michel pour la suite de l’histoire, nous répond en anglais : «mais 2$ c’est rien, et puis c’est le prix à payer pour que ça aille plus vite». Autant dire que celui là on l’aurait bien écorché car bien entendu que 2$ ce n’est pas grand chose mais quand on voit qu’au moins 100 personnes sont passées en 1h c’est énorme. Surtout quand le salaire d’un moyen d’un laotien est d’environ 100€ par mois. C’est tout simplement de la corruption, on était vert qu’il veuille nous démotiver!

Bref, au bout de quelques minutes, nous avions monté notre petite rébellion devant le poste avec ceux qui étaient d’accord avec nous. Et c’est alors que nous avons vu en pratique comment ils s’en sortaient pour faire payer tout le monde : un chauffeur de bus est arrivé en disant que tout son bus attendait, que ça mettait tous les autres en retard et qu’ils devaient payer, sans quoi il partirait sans eux! Sous la contrainte, nos alliés ont fini par céder. Voilà pourquoi nous avions pris un bus que jusqu’à la frontière, nous n’avions aucune obligation alors.

Au fur et à mesure et après plusieurs refus successifs de nous laisser passer, on a sorti nos duvets pour bien leur montrer qu’on avait le temps et qu’on était capable de dormir là cette nuit. On n’avait d’ailleurs plus beaucoup à attendre avant que le poste ne ferme.

Cela faisait 1.30h qu’on attendait et le bus de Michel n’était toujours pas reparti depuis le temps. C’était une petite victoire pour nous qu’il se rende compte que ce n’était pas parce que Môsieur avait payé, que ça irait plus vite pour lui. Michel est devenu pour nous la représentation de cette corruption que l’on ne cautionnait pas. La colère qu’on lui portait nous servait de source de motivation pour résister à la pression du douanier, pour rester calmes et patients.

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Maxime en route vers le poste frontière laotien

Finalement, la situation s’est débloquée quand le chauffeur du bus de Michel s’est rendu compte que nous étions 2 clients supplémentaires potentiels pour lui. Après s’être assurés que nous avions assez d’argent pour le payer (il en doutait car nous ne voulions pas payer le douanier), il nous propose de nous emmener jusqu’à l’embarcadère des 4000 îles pour 5$ par personne. C’était la somme annoncée par toutes les agences à Siem Reap et ça nous permettrait de rejoindre les 4000 îles le jour même. OK! Une petite discussion entre le chauffeur et le douanier de 15 secondes a suffit pour qu’on récupère nos passeports et les visas tamponnés. On a suspecté le chauffeur d’avoir glissé un billet au douanier pour qu’on puisse prendre son bus. Quelle magouille!

On est donc monté dans le bus. Lorsqu’on a croisé Michel assis là, on n’a pas résisté à lui lancé un petit : «finalement c’était pas plus long de ne pas payer». Je vous raconte pas sa tête. En vrai, on ne faisait trop pas les fanfarons, parce qu’on n’avait pas choisi la solution de facilité, et ça nous avait quand même bien creuvé. D’autant plus que c’était uniquement NOTRE choix de ne pas vouloir payer et en aucun cas on ne voulait faire la leçon à qui que ce soit. Tout le monde avait bien vu qu’on avait fait nos chieurs. Après, on espérait quand même que certains se rendent compte qu’ils avaient le choix et que si chacun résistait face à cela, ça s’arrêterait peut-être un jour. À condition d’être au courant et que l’information passe. C’est le but de cet article.

Suite de l’histoire :

Le pire dans tout ça, c’est qu’on a recroisé Michel par hasard à 3 reprises lors de notre séjour d’un mois au Laos!

 


Infos pratiques:

– Van Siem Reap – Stung Treng: 16$ par personne – 5/6h de trajet

– Minibus Stung Treng – frontière: 5$ par personne – 1/2h de trajet (tout dépend si vous êtes dans un bus touristique ou pas!) – départ uniquement à 14h tous les jours

– Bus frontière – Nakasang (embarcadère pour les 4000 îles) : 5$ par personne – 1h de trajet. Les derniers bus quittent la frontière vers 18h. Attention, il n’y a rien entre la frontière et Nakasang!!

– Bâteau Nakasang – Don Det (4000 îles): officiellement xxx mais le soir à 19h, le prix étaient passé à xxx. En arrivant au bâteau, un occidental habitué nous a confirmé le premier prix. On était blasé parce qu’on avait essayé de négocier mais avec 40 touristes qui venaient de payer le prix annoncé sans rechigner ce fut pene perdue!

– Visa: 30$ pour les européens pour 30 jours

– Corruption: 2$ pour le tampon cambodgien + 1$ pour la température + 2$ pour le tampon laotien + 2$ si validation du visa après 16h ou le dimanche = 5 ou 7$ de corruption par touriste… On a vu en 1h30 pas loin de 100 touristes passer… !


 

18 commentaires

  1. Je comprends tout à fait votre point de vue et je le partage. Moi aussi, la corruption et es backchish me rendent folle. Effectivement, c’est pas l’histoire de payer 1 ou 2 $, mais c’est le principe.

  2. Totalement d’accord avec vous, oui 1$ ou 2$ c’est rien (quoi que mis bout à bout, ça peut faire pas mal), mais c’est une question de principe. Si le prix officiel c’est X, et bah on doit payer X et puis c’est tout! Grrr!!

  3. Ca ne m’etonne pas que tu aies resisté ma nana ! Bravo haha 😉 bisous

  4. Si ce n’était pas triste, ce serait drôle !
    Le nombre de pays et de personnes corrompues, c’est hallucinant… et oui, on se dit que si chacun refuse, on peut change les choses… quoique ????

  5. Bravo pour avoir refusé et finalement gagné. Mais l’on peu aussi se dire aussi que c’est une façon d’améliorer leur quotidien qui ne doit pas être tous les jours facile et dans ce cas tous les coups sont permis.

  6. Bonjour,

    Merci pour votre article très intéressant sur le passage mythique de cette frontière…
    Je suis d’accord avec tout, sauf avec un petit point, pourtant crucial.
    Les 2$ de taxes après 16h30 et le weekend ne sont pas un backshish, mais bien officiels, et ce dans tout le pays….sauf que ce n’est pas 2 $, mais 10,000 kip, et même les Lao les payent…
    C’est pareil si vous n’avez pas de photo, c’est 1 $ en plus.

    Il n’empêche qu’il ne faut pas encourager la corruption, et croire que ça ira plus vite si on donne 10$, qu’il y a beaucoup de monde qui s’en met plein les poches, et que c’est beaucoup à la tête du client…!!

    • Bonjour Marie,
      Merci pour cette précision. Cependant, ça nous étonne car nous n’avons pas payé ces 2$ ou 10.000 kips « obligatoires » alors qu’il était plus de 17h quand nous avons donné nos passeport. Les douaniers ne nous les ont jamais réclamés…

      • Les douaniers le font à la tête du client…mais normalement cette taxe est bien « obligatoire » !

        Je viens de lire votre article en stop depuis les îles jusqu’au plateau des Bolaven! Article très intéressant encore une fois ! Dommage que vous ne soyez pas montés en haut de Wat Phou, la vue est magnifique !

        Sok Dee !!

  7. Bien joué et normal d’etre enervé contre ces bouffons de douaniers, autant que contre ces touristes ignards qui cautionnent tous ces pratiques et qui pourrissent sans meme le savoir la vie des autres voyageurs.Ce Michel, petit bobo on ne peut plus representatif de l’européen donneur de lecons et qui trouve ca normal de payer plus parce que blanc, faudrait lui expliquer que les gérants d’hotel ou autres blindés locaux sont largement plus riches que lui et eux ne payent pas plus chers…et que nous aussi on paye des impots chez nous en plus du budget voyage..l’argent du tourisme suffit largement à renflouer les caisses, mais non, faut qu’ils t’entubent parce que des Michel acceptent en masse de se faire entuber..toujours pareil..merci à vous d’avoir resisté.

  8. Ce vendredi 3 juin 2016, une nouvelle bataille a été gagnée au passage de la frontière terrestre cambodge-laos grâce à vous…Mais non sans mal ! Voici quelques détails:
    1- notre bus Stung Treng / Paksé s’arrête dans un buibui 200m avant la frontière et là le gars de l’agence nous demande 40 dollars pour faire les visas. Tous les « Michel » sortent gentiment leurs billets sans broncher. Nous montons le ton, mais le gars nous met la pression et nous dit qu’on va devoir aller à pied à la frontière et que le bus ne nous attendra pas si on n’obtient pas le visa. Au final sur 13 personnes nous sommes 4 à ne pas payer et à marcher vers la frontière.
    2- on arrive devant le poste cambodgien qui prend nos passeports, les tamponne, et nous demande 2 dollars…On dit non fermement ! Et très vite il nous donne nos passeports. C’est là que nous revoyons le gars du bus qui nous mettait la pression et qui d’un coup devient sympathique et nous indique même où le bus nous attendra. On part rassurés vers le poste laotien.
    3 – 1er comptoir laotien pour le visa on nous demande 1dollar. Encore une fois on dit non et qu’on n’a que les 30dollars nécessaires. Il nous dit d’attendre mais semble néanmoins s’occuper de nos passeports.
    4 – nos passeports se retrouvent au 2ème comptoir laotien pour l’application du tampon d’entrée. L’affaire est plus compliqué…On dit non aux 2 dollars demandés prétextant toujours que nous n’avons que les 30dollars. Mais l’homme campe sur ses positions et nous dit qu’on va devoir dormir là. Nous campons également sur nos positions et voyons au fil de la discussion le discours du douanier se déliter: un coup les 2 dollars sont pour le tampon, puis ça se transforme en l’excuse de l’après 16h, puis il finit par nous dire que c’est un secret (quelle crédibilité !). Puis il finit par nous rendre nos passeports tamponnés juste quand notre bus arrive avec les « Michel » qui avaient poireauté 1h30. Certains étaient d’ailleurs très en colère de voir que nous n’avions rien payé.

    Au final grâce à vous on a gagné 20 dollars pour la suite de notre périple. On va pouvoir en boire des laobeer à votre santé !
    Bien à vous. Merci. Ronan et Manon (des compagnons de bataille) 😉 Plus de détails sur notre périple sur marchepassurmamine.wordpress.com

  9. Merci pour cet avertissement et ces informations concernant la traversée de la frontière.
    Savez-s’il est nécessaire d’avoir un billet de sortie de sortie du Cambodge pour être sûr de ne pas être bloqué à l’entrée du Cambodge par voie terrestre ? (dans l’idée j’arrive du Laos en bus et je quitte le Cambodge encore en bus direction le delta du Mékong au Vietnam)

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